Éduquer avec bienveillance quand on est un parent hypersensible demande une énergie colossale. Fatigue, charge émotionnelle, sentiments contradictoires : garder notre calme et canaliser nos émotions est une mission difficile.
Alors, ça dérape, souvent : on a la réprimande un peu trop sévère, ou on évite carrément la discussion, les occasions sont nombreuses pour nous tester et mettre à mal nos besoins d’éducation positive.
Donc on se met à douter, voire à culpabiliser : “Je n’aurais pas dû lui dire ça”, “j’ai été un peu dure avec Léa”, “Tino ne m’écoute pas, je ne sais plus quoi faire”.
Ça vous parle ? Commencez déjà par consulter mon article : “Culpabilité parentale : Comment la vaincre”.
Puis, pour mieux vous cerner : faites le point pour savoir quelle personne hypersensible vous êtes.
Durant l’enfance, nous avons appris à être sages, polis, à réprimer ce qui n’est socialement “pas acceptable”, pour finalement croire que l’hypersensibilité est un handicap, voire une maladie.
Je l’ai cru. Pendant longtemps.
Plus maintenant.
Je vous donne ici mon meilleur conseil pour la transformer en force et en atout.
Maintenant, vous êtes adulte, et vous savez l’importance de vous défaire de cette croyance aussi fausse que dangereuse pour votre bien-être et votre épanouissement.
Permettre à nos enfants de s’accepter et d’oser s’exprimer est vital pour devenir des adultes :
- responsables
- heureux
- curieux
- qui osent prendre leur place dans le monde.
En lisant cet article, vous découvrirez qu’il est possible de faire d’une pierre deux coups : être un parent hypersensible zen et éduquer vos enfants avec bienveillance.
Et je vais vous expliquer comment.
Leur apprendre à communiquer
“RANGE TA CHAMBRE !!!”
Crier pour se faire entendre n’est pas une valeur qu’on veut leur transmettre. Voici 15 façons de ne plus leur crier dessus.
Exprimons-leur clairement nos besoins.
Une chambre rangée, c’est important pour moi. Je veux que Marius comprenne pourquoi.
Alors je respire calmement et lui explique que voir sa chambre en désordre me rend triste et découragée, car j’y ai passé du temps, que je n’en ai pas beaucoup, et que je préférerais le passer à jouer avec lui.
Les enfants possèdent déjà cette intelligence émotionnelle pour comprendre ce que nous ressentons. C’est pourquoi, en prenant la peine de leur expliquer, ils sauront qu’on ne cherche pas à les embêter et que notre demande a un sens.
Permettons-leur de s’exprimer à leur tour, et donnons-nous le temps de les écouter. Ils apprendront qu’on obtient ce qu’on désire pour peu qu’on l’exprime.
Les rendre émotionnellement autonomes
En tant que grande hypersensible, les larmes me montent quand je lis une histoire à Marius.
Je suis heureuse de passer ce moment avec lui, alors je pleure. Je ressens pleinement le moment et je l’accepte. Quand il me demande si je suis triste, je lui réponds au contraire que je suis heureuse de partager cet instant avec lui, et que mes larmes sont le signe d’une grande émotion sincère.
Les larmes ne sont pas seulement faites pour exprimer de la tristesse, et il tout à fait naturel de les laisser couler.
Permettons-leur d’exprimer leurs émotions sans jugement ni brimades. Expliquons-leur qu’elles ont le droit d’exister, et qu’elles ont une mission : leur faire comprendre ce qu’ils ressentent, pourquoi, et quel besoin se cache derrière.
Voilà une excellente manière de s’autonomiser dans la bienveillance.
Connaître leurs limites
L’hyperesthésie est le phénomène qui régit la sensibilité exacerbée aux stimulations extérieures :
- bruits,
- lumières,
- odeurs,
- énergies…
Je ne peux pas rester dans une pièce bondée de monde sans avoir besoin de m’enfuir. Je capte et absorbe toutes les énergies alentour, et ça m’épuise. Connaissant cette limite, j’ai aménagé mon quotidien pour la faire respecter.
Par exemple, je me débrouille pour faire les courses aux heures creuses, prendre les lignes de transports les moins chargées (quitte à rallonger un peu mon temps de trajet), je réserve des emplacements en retrait dans les restos et pose des demi-journées en pleine semaine pour faire les soldes.
Non seulement ça soulage mon hyperesthésie, mais en plus, ça me fait gagner du temps et de l’énergie.
Connaître mes propres limites me permet de les enseigner à mon fils et de lui apprendre à s’écouter. Je souhaite qu’il comprenne qu’il est son tout premier garde du corps. À l’écoute attentive de ses réactions et besoins, il fera un adulte plus responsable de son bien-être.
Développer leur empathie
Quand Marius crie, pleure, tape du pied ou répond, je sais que quelque chose se trame derrière. Un enfant ne tient pas tête à ses parents pour les embêter. Tout comme nous, il a quelque chose à dire, et ne sait pas toujours comment le formuler.
Me mettre à son niveau et écouter patiemment ce qu’il a à me dire désamorce 9 fois sur 10 le conflit, et le rend lui aussi plus à l’écoute de mon propre besoin de parent hypersensible.
Grande complicité à la clé ! C’est l’un de mes plus grands bonheurs de maman.
C’est ainsi que nos enfants apprennent leurs futurs comportements sociaux. Aussi, les autoriser à nous observer dans notre hypersensibilité leur permet de développer leur empathie de bonne heure, sans jugement ni peur.
Leur apprendre à se relever et marcher
La résilience est une valeur fondamentale pour outrepasser l’hypersensibilité.
Petite, j’étais tellement sensible, et on me le faisait tellement remarquer que je me croyais malade.
- Pourquoi tu pleures ? Ne pleure pas !
- Tu es trop sensible… on ne peut rien te dire à toi.
- Tu pleures pour ça ?! Eh bien… tu n’as pas fini.
3 septembre 1992, alors âgée de 6 ans, je fais ma merveilleuse rentrée au CP. Toute fière d’avoir enfin intégré la classe “des grands”, je monte sur une table et me mets à danser au beau milieu du cours.
La maîtresse me fait descendre.
Et me gifle.
J’ai pleuré le reste de la journée, inconsolable, choquée, brisée : bye bye confiance en moi.
Bravo ! Elle a tout gagné cette maîtresse ce jour-là.
Alors oui, je suis devenue une adulte très sage, craintive du conflit et des remontrances. Cette simple gifle a eu des conséquences graves sur l’adulte que je suis devenue.
Mais j’ai grandi et je me suis battue pour détruire ce terrible ancrage à coups de livres de développement personnel (ceux-là ont changé ma vie).
Notre hypersensibilité nous pousse à nous surpasser. Plus sensibles que la moyenne des gens que nous côtoyons, nous avons appris à vivre avec, à accompagner nos émotions et à grandir en dépit des difficultés croissantes.
Transmettons-leur cette valeur si essentielle à leur croissance.
Développer leur créativité
Le parent hypersensible est un créatif né. Particulièrement réceptif aux stimuli extérieurs, n’importe quelle observation visuelle, auditive, tactile, olfactive ou sensorielle devient alors une formidable source d’inspiration.
L’hypersensibilité nous guide naturellement vers des passions créatives : la danse, l’art, la musique. Ce sont de merveilleux catalyseurs d’équilibre et de bien-être.
Initions donc nos enfants. Pratiquer une passion créative très jeune leur permettra de découvrir une nouvelle manière de communiquer, développer leur empathie et leur singularité.
Apprécier les petits bonheurs
La recherche du bonheur : tout un programme !
Le top-conseil qu’on m’a donné pour le trouver est :
“Ne le cherche pas”
“Trouve plutôt une source de joie dans chaque petit événement du quotidien” :
- Un rayon de soleil,
- Le parfum d’une fleur,
- Un sourire de mon fils,
- Un baiser de mon homme,
- Deux carrés de mon chocolat préféré…
Ce matin, c’était la toute première chorale de mon fils. Tous ces enfants réunis pour chanter ensemble, adorables, et mon fils au milieu… J’ai versé ma petite larme. J’ai trouvé ça tellement beau. D’autres se sont probablement demandé ce qui m’arrivait, mais qu’importe : ces quelques minutes de bonheur ont fait ma journée 🙂
Quand on est parent hypersensible, un rien exacerbe nos émotions, et nous savons mieux que quiconque capter les petits bonheurs.
Apprenons à nos enfants à regarder. Observer avec intensité, présence, considération et sans jugement négatif.
Nous pouvons leur apprendre à ressentir une émotion positive face à un objet, et créer un ancrage plaisir :
- Tu aimes doudou ?
- Pourquoi l’aimes-tu ?
- Quel sentiment ressens-tu quand tu le serres dans tes bras ?
- Chaque fois que tu en as besoin, serre-le dans tes bras pour ressentir à nouveau cette joie.
Vers une éducation bienveillante
Quelle chance d’être différent !
Être un parent hypersensible n’est pas un handicap. C’est un outil puissant et fabuleux qu’il nous faut apprendre à manipuler avec bienveillance, pour notre bien-être, et celui de nos enfants.
Transmettons notre savoir à nos amours. Ils méritent de partir avec un bagage d’une telle richesse. Avec vous ils apprendront à :
- Améliorer leur communication
- Autonomiser leur intelligence émotionnelle
- Connaître leurs limites
- Développer leur empathie
- Travailler leur résilience
- Découvrir leur créativité
- Apprécier les petits bonheurs de la vie
Je ne leur souhaite pas pire 🙂
Vos enfants sont aussi hypersensibles ? Ces conseils leur seront d’autant plus utiles. Vous êtes leur premier modèle, n’oubliez pas.
Aidons-les à devenir la meilleure version d’eux-mêmes et trouver leur place dans le monde.
Auteure : Vanessa Mangavel du blog Girlsmater.com
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