Le jugement, c’est toute une histoire
Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes repris par notre entourage sur ce qui est convenable (politesse …), indispensable (notions de sécurité …) et ce qui ne l’est pas, étape nécessaire à notre socialisation voire à notre survie.
Le problème est que cela nous a fait parfois souffrir car nous avons eu peur de perdre l’amour de nos proches lorsque nous n’étions pas bien « dans les clous ».
Et ces peurs faussent notre jugement. D’autant plus que les valeurs transmises par nos parents ne sont pas forcément les nôtres.
Par exemple, nous nous disons que nous sommes nuls, qu’on ne nous aime pas, ou qu’on ne fait rien de bien … alors que nous faisons peut-être simplement une erreur, ou bien nous prenons une option différente.
Nous sommes capables de nous juger très durement.
Et à notre tour, nous portons des jugements sur les autres
Face à la peur de ne pas être une personne suffisamment aimable, nous allons nous comparer aux autres.
Et donc, avoir tendance à les juger également.
Or, il y a une nuance fondamentale entre discerner et juger.
Il est nécessaire de distinguer ce que cette personne m’apporte, si elle me parait à sa juste place dans le rapport que j’ai avec elle par exemple.
Mais la juger est une autre affaire : En fonction de quelles références, quel cadre puis-je la juger ? Ai-je un code civil ou pénal personnel qui me permet de le faire ? Non bien sûr. Il y a donc fort à parier que quand nous jugeons, nous ne sommes pas justes 😉
(D’ailleurs, même les juges professionnels qui s’appuient sur des lois précises sont soumis à la contradiction !)
Comment sortir du jugement ?
C’est en tout premier lieu un travail à faire sur le regard que je porte sur moi-même. Quel accueil, quelle bienveillance ai-je sur mes défauts, mes manques, mes failles ?
Ai-je conscience de ma beauté, de ma valeur, de ma lumière personnelle ?
Pour ce qui est du rapport aux autres, je vous propose ce qui est pratiqué en Gestalt-thérapie :
Nous mettons en veille tout ce que l’on sait déjà pour écouter l’autre avec le plus de curiosité possible. Nous nous comportons comme des enquêteurs respectueux qui n’ont pas d’à priori particulier.
Qui es-tu toi qui te trouves devant moi ? Quel est ton univers ? Comment accueilles-tu le parfum d’une rose, la fin d’une journée, as-tu des passions, quelles sont tes colères, qu’as-tu envie de me transmettre ici et maintenant ?
Alors nos vies s’allègent considérablement, et ses couleurs en deviennent beaucoup plus lumineuses.
En conclusion
Le juge le plus sévère pour soi-même est souvent … soi-même.
Apprendre à reconsidérer l’éducation que nous avons reçue et à des mesures qui nous conviennent mieux sont de premières étapes indispensables. Apprendre à s’aimer, à voir tout le beau que l’on porte en soi permettra d’être beaucoup moins perméable aux critiques.
Laisser le jugement aux seuls juges et apprendre à discerner au mieux.
Et si d’autres nous jugent, ne pas leur accorder ce droit. A moins qu’ils puissent prouver qu’ils sont diplômés pour cela. Ce qui est plutôt peu probable, vous en conviendrez !
N’hésitez pas à partager ci-dessous vos expériences sur ce thème afin que nous nous entraidions à progresser vers plus justesse et donc moins de jugement …
marie françoise
le 08:58h, 12 maila peur du jugement non pas me paralyse (pas à ce point) mais de façon certaine me contraint à l’inaction.
Je pense que cela remonte à mon année de CM1 où ma maîtresse a dit à ma mère « elle ne fera jamais rien de bon ». Elle m’avait prise en grippe et tout ce que je pouvais dire ou faire ne trouvait pas grâce à ses yeux. J’étais une élève plutôt bonne dans beaucoup de matière, j’adorais l’école et je bavardais beaucoup. Sur le coup, cette réflexion ne m’a pas dérangée ce n’est qu’au fil du temps qu’elle m’a fait du mal.
Encore aujourd’hui, une collègue me dit que « je manque de confiance en moi » que j’aurai pu me lancer dans la bagarre pour postuler à d’autres fonctions…. mais si je ne réussis pas ? J’aime écrire car celui ou celle qui me lit n’est pas « visible » : si ma prose ne plait pas je ne suis pas là pour le voir.
la peur du jugement d’autrui est aussi une question d’orgueil, d’estime de soi : je suis (un peu) orgueilleuse et j’estime que je suis une personne de valeur mais je n’ai pas la hargne pour le crier haut et fort. mais le faut-il ? ou simplement le fait que je sache qui je suis est-il suffisant ?
Je m’aperçois qu’avec le temps, je deviens « sauvage », j’aime ma solitude et le petit cercle de mes proches . j’évite ainsi de m’exposer à la critique.
Je suis (encore de temps en temps) impulsive et je fais part de mes désaccords avec élan ! ça m’arrive encore ! mais je suis blessée si je suis attaquée en retour.
J’ai encore le poids du « ça ne se fait pas » de mon enfance !
Pour préserver le monde de quiétude que je construis petit à petit, j’applique de plus en plus cette citation de Sénèque « Pour faire taire autrui, commence par te taire »
Elisabeth Aubret-Hunsinger
le 22:11h, 14 maiMerci beaucoup Marie-Françoise pour ce témoignage très touchant. Je pense que beaucoup de personnes peuvent se reconnaître dans ce que vous décrivez au niveau de la remarque désastreuse de la maîtresse.
La blessure que vous ressentez lors des critiques est à la mesure de votre sensibilité.
Et c’est tout à fait vrai : le risque est le repli sur soi.
Merci d’oser participer à ces rubriques car vous vous lancez encore et c’est l’essentiel car la vie est dans le mouvement 🙂
Bien amicalement !